Gratiole officinale

Qui est la Gratiole officinale (Gratiola officinalis L.) ?

L’étymologie de son nom vernaculaire signifiant littéralement Grâce de Dieu a de quoi dérouter quelque peu pour une plante réputée relativement toxique. Elle soignerait cependant bien des maux dont les cirrhoses, les ascaris, la leucorrhée et les hémorroïdes ainsi que bien d’autres encore. Dès lors, la gratiole officinale était autrefois régulièrement récoltée pour ses propriétés médicinales. Toutefois, ce n’est probablement pas la cueillette qui a pratiquement fait disparaître cette plante du canton de Genève mais plutôt la destruction directe de ses biotopes originels. La gratiole officinale fréquente des milieux devenus relativement rares tels que les prairies à grandes laîches modérément perturbées, les rives des lacs dont la hauteur d’eau fluctue encore naturellement ou les étangs périodiquement asséchés. Cette espèce apprécie les milieux légèrement perturbés où des zones dénudées sont régulièrement créées. Dans un environnement de plus en plus sclérosé par nos activités, ces milieux sont devenus malheureusement de plus en plus rares !

La gratiole officinale semblait ainsi vouée à disparaître de notre canton… Pendant une quarantaine d’années, elle n’avait plus été observée sur le territoire cantonal. Pourtant, alors que nous la pensions à jamais disparue, elle refit subitement son apparition entre 2004 et 2006 dans les Marais de Sionnet à la suite de travaux de décapage dans le cadre de la renaturation des Marais de la Seymaz. Les graines de la gratiole attendaient patiemment, enfouies sous terre. Elles dormaient en attendant un signal pour sortir de leur torpeur. Celui-ci vint de la perturbation du sol engendrée par les travaux de décapage.

Vite, un plan d’action devait être entrepris rapidement pour sauver cette espèce dont il ne restait plus aucune station connue en Romandie et seulement une seule dans le bassin genevois, en France voisine. Des graines furent alors récoltées sur l’unique touffe de la station afin de multiplier l’espèce au Jardin botanique de Genève. Nonante plants furent produits par nos habiles collègues jardiniers et réintroduits dans les Marais de Sionnet en 2007. Malheureusement, les sangliers peuplant ces lieux semblaient particulièrement apprécier nos plants de gratioles. Leur groin, semblables à des socs de charrue, eurent assez rapidement raison de nos plantations ! 

Qu’importe, nous décidons alors de continuer l’expérience et une nouvelle cohorte de plusieurs centaines de plants fut produite et transplantée sur plusieurs années. Mais un nouveau problème surgit alors : le milieu avait entretemps perdu son caractère pionnier et le roseau commençait à prendre beaucoup de place hormis les zones labourées par le sanglier. Nous tentons toutefois une nouvelle série d’introductions sur le site mais à nouveau sans plus de succès.

Il faut savoir rester humble face à la Nature et lorsque l’on travaille à son contact on l’apprend à ses dépens. Rien ne sert de lutter contre une compagnie de sangliers ou la colonisation d’un site par les roseaux. Une zone pionnière ne l’est jamais indéfiniment.

Toutefois, tout espoir n’est pas perdu. Une nouvelle population de gratiole officinale a été découverte en bordure de plusieurs étangs des Teppes de Verbois. Comment l’espèce était-elle arrivée en bordure de ces étangs, nous l’ignorons. Toutefois, ces stations semblent être dynamiques et pourraient servir de base à de futures réintroductions dans des milieux similaires.

Fiche technique de la station

Les Creuses

Type d’action: Renforcement
Technique: Plantation de plants produits aux CJBG
Motivation de l’action: Conserver la dernière station du canton
Bilan de l’action: Échec
Raison de l’échec: Concurrence avec la végétation présente sur le site, destruction des plantations par les sangliers