Inule de Suisse | Conservatoire et Jardin botaniques de Genève

Qui est l’Inule de Suisse (Inula helvetica Weber) ?

Dans le Far West genevois, non loin de la borne numéro une marquant l’extrême ouest du territoire helvétique, subsiste la dernière population d’inule de Suisse du canton! Pourtant, à la fin des années quatre-vingt du siècle passé, cette espèce était considérée comme ayant disparu du canton.

Ce n’est que lors du projet de cartographie de la flore du canton que quelques touffes avaient été retrouvées perdues au milieu des solidages géantes. Un plan de sauvetage avait alors été échafaudé afin de sauver la dernière station de cette rare Astéracée. Des graines avaient été prélevées. Puis l’espèce avait été multipliée par nos jardiniers dans les « couches » jouxtant le bâtiment de La Console.

Après plusieurs années de soins attentifs (ou soins intensifs !) au bord du Léman, le nombre de plants produits avait été jugé suffisant pour tenter une réintroduction au sein de la station originelle. Après plusieurs années de suivis de l’opération de réintroduction, le nombre de nouvelles touffes était en augmentation. L’espèce semblait être sauvée ! Dès lors, les suivis, d’abord annuels, devinrent bisannuels puis de moins en mois réguliers.

En 2022, lors d’une visite de routine de la population, une plante à l’allure étrange attira l’attention du botaniste chargé du suivi de la station. La plante ressemblait à une inule de Suisse. Pourtant, ses feuilles étaient un peu différentes, la pilosité surtout ne collait pas vraiment avec ce qu’il connaissait. Il se demanda alors s’il ne s’agissait simplement pas d’une forme aberrante de l’inule qu’il était venu suivre. Prudent, il ouvrit alors sa flore et commença l’identification de la plante qu’il avait devant les yeux en se débarrassant des a priori qui encombraient son cerveau. Lorsqu’il parvint enfin à la fin de la clef dichotomique, il arriva sur le taxon suivant : Inula xsemiamplexicaulis. Son sixième sens naturaliste ne l’avait pas trompé ! Il s’agissait bien de quelque chose de différent. Il avait devant les yeux un hybride, un croisement entre deux espèces très proches.

La dernière station d’inule Suisse du canton de Genève avait été introgressée, du moins en partie, par sa cousine, l’inule à feuilles de Saule ! Mais alors, toute la population était-elle composée d’hybrides ? De la réponse à cette interrogation dépendra l’avenir de cette station, ou plutôt des moyens qui seront mis en œuvre pour la conserver…ou pas ! De futures études génétiques permettront de répondre à cette épineuse question.

Le succès d’une action de conservation se mesure dans la durée. Comme le démontre cet exemple, rien n’est acquis et tout demeure fragile. Il est toujours plus facile de sauvegarder des milieux naturels que de tenter par la suite de réintroduire des espèces surtout lorsque leur environnement a été chamboulé par l’action de notre espèce !

Fiche technique de la station

Vers Veaux

Type d’action: Renforcement
Technique: Plantation de plants produits aux CJBG
Motivation de l’action: Conserver la dernière station du canton
Bilan de l’action: Échec
Raison de l’échec: Hybridation constatée avec une espèce voisine