Orchis à odeur de bouc

Photographie de Himantoglossum hircinum (L.) Spreng.

Qui est l’Orchis à odeur de bouc (Himantoglossum hircinum (L.) Spreng.) ?

Sans la voir, vous devinez déjà sa présence avec son odeur caractéristique de bouc. C’est d’ailleurs la seule orchidée indigène à sentir ainsi. Relativement fréquente dans le canton, voire en légère expansion à la suite des changements climatiques, cette espèce apprécie les bords des routes ainsi que les talus des voies ferrées gérés de plus en plus extensivement. Comme toutes les orchidées présentes en Suisse, elle est strictement protégée. Ainsi, lorsqu’une station est menacée par des chantiers, des mesures doivent être entreprises afin de protéger les plants et restaurer la station. 

Lors des travaux liés à la troisième voie CFF entre Genève et Lausanne, une grande station d’orchis à odeur de bouc allait être détruite. L’ensemble des pieds ont alors été récupérés et mis en pépinière aux Conservatoire et Jardin botanique de Genève dans le dessein de les réintroduire ensuite sur le site, une fois les travaux terminés. Malheureusement, les orchidées apprécièrent peu d’être déménagées de la sorte. Elles commencèrent à dépérir malgré les soins attentifs prodigués par nos collègues jardiniers. A mesure que le temps avançait, leur nombre diminuait. Après plusieurs années, les survivantes furent réintroduites sur le site. Malheureusement, le sol n’était plus le même. Dès lors, la plupart des plants disparurent après seulement quelques années et la réintroduction fut un échec cuisant. 

Que retenir de cette anecdote ? Dans la mesure du possible, il vaut mieux éviter de porter atteinte à un milieu naturel car il est toujours difficile de le restaurer par la suite. Par ailleurs, rien ne sert de sauver des espèces si leurs habitats sont détruits. La conservation des espèces passe avant tout par la conservation des milieux. Les Conservatoire et Jardin botaniques de Genève apportent une solution transitoire à la conservation des espèces dans la nature mais la banque de semences et les cultures ex situ ne servent à rien si les milieux naturels continuent à être détruits par nos activités. Une espèce fait partie d’un tout et la compréhension d’un écosystème dans sa totalité permet souvent un meilleur succès dans les opérations de sauvetage d’espèces rares et menacées.

Fiche technique de la station

Place du Petit-Saconnex

Type d’action: Réintroduction
Technique: Transplantation de plants 
Motivation de l’action: Restauration d’une station à la suite de travaux de réfection d’un talus CFF
Bilan de l’action: Échec
Raison de l’échec: Les plants ont été gardés trop longtemps en pépinière aux CJBG et le sol du talus ne convenait plus aux orchidées une fois les travaux de réfections achevés