Pigamon jaune

Photographie de Thalictrum flavum L.

Qui est le Pigamon jaune (Thalictrum flavum L.) ?

Le pigamon jaune appartient à la famille des Ranunculacées (ou Renonculacées) comme le sont également les boutons d’or, les ancolies ou bien encore les clématites. Il est difficile de donner des caractéristiques morphologiques aux représentants de cette famille qui ne compte pas loin de 2›500 espèces réparties en une soixantaines de genres. La distinction entre les genres semble toutefois plus facile. Ainsi, les fleurs des pigamons sont caractérisées par l’absence de pétales. Leur aspect jaunâtre est dû aux nombreuses étamines, l’appareil reproducteur mâle de la plante, qui dépassent du calice et libèrent le pollen. La conformation des fleurs nous indique que l’espèce est principalement anémogame. En d’autres termes, cela signifie que le pollen est principalement dispersé par le vent et non par les insectes. Dès lors, aucun besoin de se parer de couleurs éclatantes ou d’odeurs enivrantes pour les attirer. 

Bien qu’encore assez commun sur le Plateau suisse et même fréquent sur la rive sud du lac de Neuchâtel, le pigamon jaune a fortement régressé au cours des deux derniers siècles, principalement à cause de l’asséchement et de la destruction des zones humides. Dans le canton de Genève, ce pigamon était principalement connu de la Pointe à la Bise et des berges de la Seymaz. 

Il y a une trentaine d’années, l’espèce subsistait encore sur les rives de la Touvière dans le complexe des Marais de Sionnet. En 2003, des graines furent récoltées dans cette population dans le but de multiplier cette espèce au Jardin botanique. Ainsi, entre 2003 et 2009, 78’000 graines ont été produites par nos collègues du Jardin puis stockées au sein de la banque de semences du Conservatoire. En 2005, la station où avait été prélevées les graines disparut complètement à cause de la concurrence exercée par les roseaux qui évincèrent le pigamon jaune. Malgré une fauche des roseaux en 2006, puis une seconde en 2007, l’espèce ne revint pas sur les berges de la Touvières : en 2012, le pigamon jaune était considéré comme ayant disparu du canton !

Dès 2013, une première opération d’introduction de pigamon jaune a été tentée dans les Bois de Versoix, au Pré Béroux, non loin de l’observatoire de Sauverny. Plusieurs centaines de plants ont été introduits sur le site jusqu’en 2019 mais l’espèce peine à s’y maintenir à cause de la concurrence féroce exercée par les solidages, des plantes invasives originaires d’Amérique du Nord. 

Dès lors, la décision fut prise de tenter une réintroduction sur les berges de la Seymaz en 2019. Quatre cents plants produits par nos collègues du Jardin ont été ainsi réintroduits dans la nature. Quatre ans après, il en reste encore au moins 160. 

Les plants qui ont survécu à la transplantation sont aujourd’hui robustes et ils parviennent à produire de nombreuses graines. Ainsi, l’espoir persiste quant à la réussite de cette nouvelle réintroduction du pigamon jaune dans l’une de ses stations originelles. 

Par ailleurs, en 2021, neuf ans après que l’espèce ait été déclarée disparue du canton, un petit plant très frêle de pigamon jaune a été découvert non loin de la station étouffée par les roseaux en 2005. Le risque de disparition du pigamon jaune sur le territoire cantonal n’est pas encore définitivement écarté mais sa conservation dans la nature semble être en bon chemin !

Fiches techniques des stations

Prés de Bonnes

Type d’action: Introduction
Technique: Plantation de plants après culture aux CJBG
Motivation de l’action: Augmenter le nombre de stations de cette espèce dans le canton afin d’assurer sa conservation sur le long terme
Bilan de l’action: Échec
Raison de l’échec: Trop de concurrence avec la végétation présente sur le site
 

Chemin du Chambet

Type d’action: Introduction
Technique: Plantation de plants après culture aux CJBG
Motivation de l’action: Augmenter le nombre de stations de cette espèce dans le canton afin d’assurer sa conservation sur le long terme
Bilan de l’action: En cours