28 nouvelles espèces de plantes et de champignons pour la science

En 2024, nos scientifiques ont décrit 27 nouvelles espèces de plantes et 1 nouvelle espèce de champignon, pour la pluspart menacés d’extinction.

Mosaïque présentant 12 des 28 nouvelles espèces découvertes par nos scientifiques en 2024
CJBG | Mosaïque présentant 12 des 28 nouvelles espèces découvertes par nos scientifiques en 2024

Nos scientifiques ont décrit, en 2024, 27 nouvelles espèces de plantes et 1 nouvelle espèce de champignon. Découvertes sur le terrain ou dans les herbiers, dont le nôtre, un grand nombre d’entre elles sont menacées d’extinction. 

« Nous sommes engagés dans une course contre la montre : des estimations récentes avancent que 2 millions d’espèces de champignons et 20% d’espèces de plantes – soit environ 100 000 espèces – ne sont pas encore décrits et que parmi elles,  trois-quarts sont menacés d’extinction. Or on ne peut conserver que ce que l’on connaît. Décrire une plante ou un champignon et lui attribuer un nom scientifique, c’est lui donner un statut d’existence, une sorte d’acte de naissance. Sans cette donnée fondamentale, le statut de menace de l’espèce ne peut pas être évalué et on ne peut pas, par exemple, l’inscrire sur une liste rouge, ce qui permettrait ainsi sa protection » explique notre Directeur Nicola Schoenenberger.

« Ces découvertes nous rappellent également la beauté et la diversité du vivant, tout comme sa fragilité et la nécessité de le protéger ».

10  nouvelles espèces d’arbres endémiques de Madagascar

Nos scientifiques ont décrit cette année 10 nouvelles espèces dans la famille des Sapotacées, riche en bois précieux (9 nouvelles espèces du genre Capurodendron et 1 nouvelle espèce du genre Tsebona). Ces espèces endémiques et emblématiques des forêts vierges de l’île, sont toutes en danger d’extinction.

« Nous travaillons depuis plus de 15 ans sur la famille des Sapotacées à Madagascar, des arbres à croissance lente et reproduction tardive, produisant un bois de construction recherché, et qui sont de ce fait particulièrement menacés » explique notre Conservateur Laurent Gautier.

« Le séquençage, effectué dans notre laboratoire, de près de 800 gènes à la fois sur des centaines d’individus, constitue un outil essentiel au travail que nous menons sur cette famille. En effet, ces nouvelles espèces n’auraient pu être découvertes sans lui» souligne notre Conservatrice Yamama Naciri.

Parmi elles,  Capurodendron ainae Boluda, Naciri & L. Gaut. est en danger critique d’extinction. Connue uniquement par trois récoltes dans deux aires protégées, elle n’y est pas à l’abri d’une exploitation sélective. Cette espèce est dédiée à Aina Randriarisoa, originaire de Madagascar, et qui a effectué sa thèse dans notre laboratoire sur 3 genres de Sapotacées de son pays

Une seconde espèce, Capurodendron christeae Boluda, Naciri & L. Gaut. – dédiée à notre Adjointe scientifique Camille Christe qui a développé l’outil permettant le séquençage de près de 800 gènes communs aux Sapotacées – est probablement la plus menacée.

« Les deux seuls arbres connus de cette espèce se trouvent en-dehors d’un massif protégé et sont potentiellement menacées par l’agriculture sur brûlis. Un programme de conservation des Sapotacées de Madagascar est actuellement mené par Jaquis Tahinarivony, un de nos anciens étudiants malgache. Il visite régulièrement ces arbres afin de récolter des graines qui seront mises en culture en vue d’un renforcement de la population » explique Laurent Gautier.

Un Lichen trouvé au sommet d’un volcan

Placopsis craterifera Boluda, une nouvelle espèce de lichen, tire son nom de ses soralies (structures de reproduction) en forme de cratère, ainsi que de son habitat.

En effet, ce lichen a été découvert par notre Adjoint scientifique Carlos Boluda dans le cratère du Mont Meru en Tanzanie, à plus de 3600 mètres d’altitude, lors d’une expédition botanique !

Un champignon poussant sur de vieux chênes

Hymenochaete ametzii est un champignon corticole – qui pousse sur les écorces – et pas n’importe lesquelles : celles de vieux chênes de l’espèce Quercus pyrenaica Willd.. Il tire d’ailleurs son nom de cette espèce de chêne, appelé, en langue basque (euskera) « Ametz ». 

Observé une première fois en 2015 par notre Conservateur Juan Carlos Zamora et Ibai Olariaga – un collègue mycologue spécialiste de ce groupe des champignons –, sa population est estimée aujourd’hui à 8›670 individus matures répartis dans sept localités du centre de la péninsule ibérique. 

« En plus de sa morphologie et écologie typiques, nous avons eu recours – comme presque toujours pour les champignons – au séquençage ADN afin de déterminer si ce que nous avons observé en 2015, puis cherché ultérieurement dans la région, était une nouvelle espèce » explique Juan Carlos Zamora. 

« Comme ce champignon dépend entièrement de l’arbre sur lequel il pousse et que les populations des vieux exemplaires de cet arbre sont en déclin, ce champignon est aujourd’hui en danger d’extinction ». 

11 plantes malgaches redécouvertes dans les herbiers

Dix nouvelles espèces de plantes malgaches du genre Turraea (famille des Meliacées) ont été décrites cette année par nos Conservateurs Martin Callmander et Louis Nusbaumer. Parmi elles, la moitié sont menacées d’extinction.

A cela s’ajoute une autre plante de la famille des Acanthacées, Stenandriopsis darainensis I. Darbysh. & Callm., décrite notamment par notre Conservateur Martin Callmander et découverte en 2004 par notre collègue malgache Patrick Ranirison lors d’inventaires réalisés dans la région de Loky Manambato (Daraina) dans le nord-est de l’île. Connue d’une seule récolte dans les forêts denses et sèches de basse altitude, elle est considérée comme vulnérable. 

Toute ces découvertes se sont faites en étudiant des planches d’herbier, à la fois à Paris dans l’herbier du Muséum national d’Histoire naturelle, à Londres dans celui des Royal Botanic Gardens de Kew et dans le nôtre

« Il est extrêmement fréquent de découvrir de nouvelles espèces dans les herbiers. Cela montre l’importance de ces collections – dont la nôtre – pour la recherche et la documentation du monde végétal » explique Martin Callmander. 

4 plantes natives d’Équateur

Le travail mené par notre Adjoint scientifique Joel Calvo, à la fois sur le terrain et dans les herbiers en Équateur sur la famille des Composées, a notamment abouti à la découverte de quatre nouvelles espèces de plantes.

L’une d’elles, Pentacalia celicana J. Calvo & G. Benítez, a été nommée en référence au village de Celica, dans les environs de Loja au sud de l’Équateur, seul endroit où l’espèce est connue. 

Le nom celica dérive du latin coelica, signifiant « céleste », car ce village se trouve généralement au-dessus de la mer de nuages arrivant de l’océan Pacifique. Elle pousse dans des vestiges de forêts de montagne entre 2500 et 2900 m. La découverte a eu lieu en 2023 après deux jours de recherche sur le terrain par notre Adjoint scientifique.

Un Pandanus circonscrit à un massif montagneux thaïlandais

Spécialiste de la famille des Pandanacées, notre Conservateur Martin Callmander a découvert lors d’une mission de terrain menée en 2022 en Thaïlande une nouvelle espèce: Pandanus ramromensis Callm., Y.W.Low & Buerki.

Considérée comme vulnérable, elle n’est connue que du sommet de la montagne Khao Ram Rome au sud de la Thaïlande, d’où elle tire son nom. 

« Cette montagne, recouverte d’une forêt dense humide, est située dans une zone clé pour la biodiversité dans le sud de la Thaïlande. Elle fait partie d’un corridor de conservation très important de plus 2000 km2 incluant plusieurs massifs montagneux.» explique Martin Callmander.