Un adieu nécessaire à un hêtre centenaire

C’est avec regret que nous devons procéder à l’abattage d’un hêtre (Fagus sylvatica L.) centenaire situé à proximité de la place de jeux. 

Photographie de Fagus sylvatica à la place de jeux
CJBG | Hêtre commun à proximité de la place de jeux

Une décision prise après expertise et par souci de sécurité

Cette décision, difficile mais indispensable, a été prise pour garantir la sécurité du public. L’état de l’arbre s’est en effet dégradé ces dernières années, avec l’observation évidente d’un fort assèchement des branches apicales (descente de cime), augmentant ainsi le risque de chutes de branches sur la place de jeux, qui a d’ailleurs dû être temporairement fermée pour cette raison.
Avant de prendre cette décision, une expertise approfondie de l’arbre a été réalisée, en suivant toutes les procédures nécessaires et en évaluant les alternatives possibles. 

Trois facteurs ont été pris en compte lors de cette analyse : une étude tomographique pour évaluer la santé et stabilité du tronc ; un examen physiologique confirmant la croissance annuelle faible de l’arbre ainsi qu’une fin de photosynthèse prématurée pendant l’été ; et enfin, une évaluation de la cible. Ce dernier facteur calcule le niveau de risque des dégâts matériels et humains en cas de chute de branches ou de l’arbre dans sa totalité. La proximité de l’espace de jeux influence cette probabilité en la rendant particulièrement élevée.

L’abattage s’est avéré inévitable. « Je suis extrêmement triste de signer l’abattage d’un arbre présent bien avant nous », révèle Nicolas Freyre, Jardinier chef du Jardin botanique. « Nous avons tout mis en œuvre pour le préserver, mais c’est mon rôle [en concertation avec le technicien spécialiste des arbres de l’Office Cantonal de l’Agriculture et de la Nature (OCAN)] de trancher en fonction des risques et malheureusement, nous n’avons plus d’autres options. »

Une procédure normale a été suivie, avec la publication de la décision d’abattage dans la feuille d’avis officielle induisant un droit d’opposition de trente jours.

Une espèce sous pression

Cet arbre a été fragilisé par la construction de l’aire de jeux et, plus récemment, par les travaux d’agrandissement de l’herbier, qui ont modifié l’écoulement naturel des eaux dont il dépendait. De plus et de manière générale, le réchauffement climatique met particulièrement à l’épreuve les hêtres, qui souffrent des températures estivales de plus en plus élevées, particulièrement en milieu urbain.
Au cours des dernières années, toutes les mesures ont été entreprises pour améliorer les conditions de l’arbre, en retirant les pavés disposés à sa base, en modifiant la matière organique autour de ses racines et en installant un arrosage automatique. Elles n’ont malheureusement pas suffi pour contrer un déclin déjà installé.

Valoriser l’arbre et compenser sa disparition

Conscients de l’importance de cet arbre dans le Jardin, nous avons choisi de conserver sa souche, qui servira de niche écologique, notamment pour les mésanges et chauves-souris, qui y habitent déjà. De plus, le bois coupé sera valorisé et utilisé pour chauffer nos serres.
Des mesures compensatoires seront mises en place avec la plantation d’essences mieux adaptées aux conditions climatiques futures.