Diversité et Conservation des Sapotaceae d’Afrique et de Madagascar

Responsable : Laurent Gautier & Yamama Naciri

Description du programme

La famille des Sapotaceae est constituée essentiellement de grands arbres des forêts denses de la zone intertropicale, avec un bois à croissance lente est de grande qualité, très recherché tant par les populations autochtones que par le marché international. Avec la disparition des forêts naturelles et l’exploitation sélective, les espèces sont de plus en plus menacées.

La classification de la famille a été largement remise en cause par les phylogénies moléculaires, impliquant de nombreuses réorganisations au niveau des tribus et des genres. Cette famille présente également des problèmes de délimitation d’espèces qui pénalisent les approches de conservation.

Des équipes partenaires se penchent sur les groupes indo-pacifiques et néotropicaux, tandis que Genève s’est positionné depuis une quinzaine d’années sur l’Afrique et Madagascar. Notre approche, basée sur le terrain et sur les herbiers, propose une taxonomie intégrative combinant morphologie, écologie et génétique, sur laquelle seront basés les révisions des groupes. Nous produirons systématiquement une évaluation du degré de menace des espèces, en vue d’appuyer les initiatives des partenaires en matière de conservation sur le terrain.

Pour Madagascar l’étude du matériel accumulé entre autres dans le cadre du programme Flore et végétation des massifs forestiers de Madagascar souligne la nécessité de revoir la taxonomie, et suggère l’existence de nombreuses espèces nouvelles. Notre but est de publier une flore de terrain, enracinée dans l’approche énoncée.

Sur le continent africain, nous contribuerons à l’inventaire de la famille. Bien que plusieurs groupes aient été revus récemment, d’autres doivent faire l’objet de révisions taxonomiques.

Objectifs scientifiques

  • Identifier, décrire, nommer et classer les espèces de Sapotaceae d’Afrique et de Madagascar (A1)
  • Comprendre l’histoire évolutive des taxons et comprendre les phénomènes de radiation évolutive récurrents (A2)
  • Identifier des régions sous-inventoriées et y effectuer des missions de récolte (A3)
  • Publier une révision des Sapotaceae de Madagascar et la section sur les Sapotaceae dans l’ouvrage Tropical African Flowering Plants : Ecology and Distribution (C1)

Le programme a également des implications importantes dans les objectifs prioritaires A4, B1, C2, C3 et C4.

Les objectifs scientifiques s’intègrent dans le cadre de la stratégie scientifique de l’institution qui définit les trois axes de recherche majeurs (A, B, C) des CJBG. Les abréviations A1-4, B1-3 et C1-C4 font référence aux objectifs prioritaires de la stratégie scientifique visés par ce programme.

Liste des projets

Révision de la tribu malgache des Tseboneae

Ce projet a pour but de réviser les trois genres de la tribu des Tseboneae pour la flore des Sapotaceae de Madagascar. Il se base sur l’ensemble des récoltes connues des principaux herbiers actifs pour la flore de Madagascar (G, K, MO, P, TAN, TEF), ainsi que sur nos observations de terrain. Il utilise une taxonomie intégrative associant des analyses morphologiques, anatomiques, écologiques et génétiques et utilise les marqueurs moléculaires développés au laboratoire (Christe et al. 2021). Nous évaluerons la robustesse des trois genres, préciserons la délimitation des espèces et décrirons les ca. 20 espèces nouvelles de Capurodendron, ainsi que deux espèces supposées nouvelles dan, l’une dans Tsebona, l’autre dans Bemangidia, et produirons de nouvelles clés d’identification. Nous établirons par ailleurs le degré de menace UICN pour les espèces nouvelles ainsi que pour le complexe d’espèce restant à résoudre.

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Révision de la sous-tribu des Manilkarinae à Madagascar

Ce projet a pour but l’étude de la circonscription de trois genres de Sapotaceae de Madagascar : Labourdonnaisia, Faucherea et Labramia et la révision de leurs espèces. Une classification basée sur des études phylogéniques sera adoptée grâce à des captures de gènes et des analyses moléculaires détaillées (Christe et. al. 2021). Les nouvelles espèces seront formellement décrites (Randriarisoa et al. 2020). Le profil écologique de toutes espèces appartenant aux genres cibles sera identifié, suivi d’une modélisation de leur distribution à partir du logiciel MaxEnt. Enfin, leur degré de menace, basé sur les critères de l’IUCN, sera évalué (Gautier et al. 2021).

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Phylogénie du genre Donella et délimitation d’espèces à Madagascar

Ce projet a pour but de résoudre les questions en suspens suite à la révision de Mackinder et al. (2016) concernant les espèces malgaches, en vue de la la flore des Sapotaceae de Madagascar (projet 5). En se basant sur l’ensemble des récoltes connues des principaux herbiers actifs pour la flore de Madagascar (G, K, MO, P, TAN, TEF), ainsi que sur nos observations de terrain nous utiliserons une taxonomie intégrative associant des analyses morphologiques, anatomiques, écologiques et génétiques et utilise les marqueurs moléculaires développés au laboratoire (Christe et al. 2021). Nous chercherons les relations entre les espèces malgaches et africaines, en particulier pour D. guereliana, autrefois inclue dans le genre Austrogambeya (Aubréville 1974). Nous tenterons d’élucider le cas de D. lanceolata, seule espèce de Sapotaceae partagée avec l’Asie : LDD ou introduction d’origine humaine ? Nous rechercherons une délimitation spécifique claire dans le groupe analalavensis-delphinensis-fenerivensis ainsi que dans l’espèce variable D. perrieri, en relation avec capuronii humbertii et sambiranensis. Nous produirons une nouvelle clé d’identification et établirons le degré de menace UICN pour les espèces dont la délimitation aura été modifiée.

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Révision des genres Mimusops et Sideroxylon à Madagascar

Ce projet a pour but de réviser les genres Sideroxylon et Mimusops pour la flore des Sapotaceae de Madagascar (projet 5). Il se base sur l’ensemble des récoltes connues des principaux herbiers actifs pour la flore de Madagascar (G, K, MO, P, TAN, TEF), ainsi que sur nos observations de terrain. Il utilise une taxonomie intégrative associant des analyses morphologiques, anatomiques, écologiques et génétiques et utilise les marqueurs moléculaires développés au laboratoire (Christe et al. 2021). Nous nous proposons de produire une phylogénie pour chacun de ces genres afin d’en étudier les relations biogéographiques, en particulier dans Mimusops ou notre étude inclura une représentation aussi large que possible des espèces africaines (23) et asiatique (3), ainsi que les espèces de la Région Malgache (Comores : 1 ; Seychelles : 1 ; Mascareignes : 3). Pour Madagascar, nous tenterons de résoudre les complexes, décrirons les espèces nouvelles, et produiront des clés de détermination et les conservation assessments UICN pour les taxons nouveaux ou dont la délimitation aura été modifiée.

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Flore des Sapotaceae de Madagascar

Le but est de produire un ouvrage synthétique, d’une utilisation ouverte à un public large, incluant des amateurs et amatrices éclairé·es et des administrations aussi bien que des scientifiques. Il sera basé sur les résultats des projets 1,2,3 et 4 (Armstrong et al. 2014 Boluda et al.  2021; 2022 ; Christe et. a. 2021; Gautier et Naciri, 2018; Gautier et al., 2013; 2021; 2022;  Mackinder et al. 2016; Plana & Gautier 2008; Randriarisoa et al. 2020) nous allons compiler les informations iconographiques, de distribution et les conservation assessments; simplifier  les descriptions existantes pour les limiter à l’information essentielle ; faire réaliser des illustrations de chaque espèce et élaborer des clés de détermination.

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Les espèces africaines de Sapotaceae à fruits déhiscents

Parmi les 75 genres actuellement acceptés dans la famille des Sapotaceae, seuls 4 présentent un fruit déhiscent : Gluema, Neolemonniera, Lecomtedoxa (Afrique tropicale) et Eberhardtia (Asie du Sud-Est). Dans le dernier traitement générique de la famille (Pennington 1991), ces genres ainsi que Inhambanella (fruit non déhiscent, mais structure de fleur similaire, Afrique tropicale) ont été classés dans la tribu Mimusopeae, sous-tribu Glueminae. Après exclusion des Eberhardtia non apparentés, des recherches ont été menées aux CJBG pour tenter d’élucider ce groupe. Les résultats préliminaires basés sur une analyse bayésienne d’un seul locus (ITS) : ont (1) suggéré l’exclusion d’Inhambanella de ce groupe (confirmée en outre par le caractère morphologique, y compris l’absence de déhiscence du fruit) ; (2) placé les espèces restantes dans deux clades qui, bien qu’étant proches, ne semblent pas être monophylétiques (soutien faible) ; (3) montré que le premier clade contenait Neolemonniera et la plupart des Lecomtedoxa, et est séparé en 3 sous-clades ; et (4) suggéré que le second contenait Gluema et l’espèce type de Lecomtedoxa. En étendant l’échantillonnage et en utilisant la technologie NGS supplémentaire, le but de ce projet est de résoudre ce groupe pour tester s’il est monophylétique, puis de définir des limites génériques.

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