Nos Botanistes présentent leurs recherches au 20e Congrès International de Botanique
Nos scientifiques Camille Christe, Andreas Ensslin, Sébastien Miche, Charles Pouchon, Michelle Price, Mathilde Ruche et Juan Carlos Zamora ont participé à Madrid au 20ème Congrès International de Botanique.
Cet événement, la plus grande réunion mondiale de botanique organisée tous les six ans, rassemble des experts du monde entier venus présenter, discuter et échanger sur leurs travaux de recherche et les grands défis du domaine.
« Ce congrès représente une plateforme fabuleuse pour mettre en avant nos recherches, discuter de nos résultats avec d’autres botanistes, développer de nouveaux partenariats, et prendre de pouls des dernières innovations et défis que nous rencontrons dans nos projets scientifiques » explique notre Conservatrice en cheffe et Responsable de la Recherche Michelle Price.
Du rôle des banques de semences dans la conservation des plantes à l’anatomie des bryophytes
À travers des symposiums, conférences et posters, nos scientifiques ont partagé leurs recherches avec leurs pairs. Un exercice enrichissant et une plateforme exceptionnelle tant en termes de visibilité que de réseautage.
Analyse génétique et conservation
Notre Adjointe Scientifique Camille Christe a mis en avant les résultats de son étude visant à évaluer le kit universel Angiosperms353, une méthode d’analyse génétique qui cible 353 gènes qui se retrouvent chez toutes les plantes à fleur, dans le cadre de la conservation d’espèces et populations en danger d’extinction- En se basant sur quatre espèces, dont trois présentes dans le canton de Genève, elle démontre que l’utilisation de ce kit permet d’obtenir des informations à l’intérieur même d’une espèce à la fois sur sa structure génétique ainsi que sur sa diversité, éléments essentiels à la mise en place de plans de conservation.
« C’était une vraie chance de pouvoir présenter ma recherche à d’autres chercheurs·euses intéressé·e·s à la génétique de la conservation. J’ai eu pas mal de questions qui ont été suivies de discussions très riches et ai été invitée à soumettre un article pour la special issue qui suivra le symposium auquel j’ai participé et qui sera enrichi de ces discussions » souligne Camille Christe.
Le rôle des banques de semences dans la sauvegarde des plantes menacées d’extinction
Notre Conservateur Andres Ensslin, responsable de notre banque de semences et coordinateur de nos activités de conservation aux niveaux cantonal, fédéral et international, a dévoilé les résultats d’une enquête européenne – à laquelle nous avons participé – sur les collections des banques de semences et leur rôle dans la sauvegarde des plantes menacées d’extinction.
« Après un processus complexe d’harmonisation taxonomique, nous avons identifié plus de 12’000 espèces conservées dans 108 institutions de 29 pays d’Europe et du Moyen-Orient, comparant les espèces aux listes rouges de chaque pays afin d’identifier les lacunes dans la leur conservation ainsi que les orientations futures pour atteindre les objectifs de conservation mondiaux énoncés dans la Stratégie mondiale pour la conservation des plantes. Notre étude démontre de manière impressionnante comment les banques de semences soutiennent la sauvegarde de nos plantes menacées, mais aussi que leur potentiel n’a pas encore été pleinement exploité ! » rappelle Andreas Ensslin.
Une analyse phylogénétique de la flore genevoise
Notre Doctorant Sébastien Miche a présenté sa recherche – menée sous la supervision de notre Conservateur Mathieu Perret – visant à construire une base de données phylogénomique complète pour l’ensemble des espèces de la liste rouge des plantes vasculaires du canton de Genève, une première. Celle-ci permettra le calcul d’indices de biodiversité qui seront intégrés dans la stratégie de conservation régionale.
« En tant que jeune scientifique, participer à un congrès d’une telle ampleur est une opportunité exceptionnelle de nouer des contacts avec des chercheurs·euses renommé·e·s du monde entier. Cela représente également un superbe moment d’échanges scientifiques sur son propre projet ou ceux d’autres chercheurs·euses, qui m’a personnellement beaucoup inspiré pour la fin de ma thèse.» souligne Sébastien Miche.
Des outils permettant de mieux exploiter les données issues du séquençage de génome
Notre adjoint scientifique Charles Pouchon a mis en avant deux nouveaux outils bio-informatiques complémentaires permettant d’exploiter au mieux les données issues du séquençage de génomes pour l’étude des relations phylogénétiques entre différents organismes.
« Cela a été une expérience incroyable de rencontrer et d’écouter des chercheurs·euses du monde entier, environ 3000 botanistes, travaillant sur des aspects totalement différents de la botanique, mais reliés par leur passion commune du règne végétal. Il était très enrichissant pour moi de pouvoir discuter avec des chercheurs·euses de renommée mondiale dans le domaine de l’évolution des plantes. Lors du congrès, j’ai eu l’opportunité de présenter une partie de mes recherches au symposium «New Frontiers in Phylogenomics». Cette présentation m’a permis non seulement de partager mes travaux avec des expert·e·s du domaine, mais aussi de recevoir des retours précieux et d’engager des discussions enrichissantes. Ces échanges ouvrent de nouvelles perspectives pour mes recherches, favorisent de nombreuses collaborations à venir et me permettent d’aborder avec encore plus d’enthousiasme mon travail au quotidien. Il est évident que la recherche n’est pas le fruit de la compétition, mais de nombreuses collaborations » explique Charles Pouchon.
Mieux définir la taxonomie d’un genre de myxomycètes
Via un poster didactique, notre Conservateur et spécialiste des myxomycètes Juan Carlos Zamora a résumé les résultats de sa recherche sur Cribraria, un genre de myxomycètes – des organismes proches des amibes mais étudiés par les botanistes car longtemps considérés comme des champignons – caractérisé par de petites fructifications en forme de cage souvent présentes sur du bois en décomposition.
« Les congrès nous offrent toujours l’opportunité de rencontrer des nouveaux chercheurs·euses, d’établir et renforcer les liens entre collaborateurs·trics au niveau personnel et institutionnel et d’avoir accès à l’état de l’art en matière de recherche scientifique. Une conférence comme l’IBC est à cet égard un très bon exemple et m’a permis de prendre beaucoup d’idées pour des prochaines travaux scientifiques (par exemple, sur taxonomie intégrative, analyses phylogénomiques, machine learning), ainsi que de connaitre de nombreux spécialistes en nomenclature botanique et mycologique et des conservateurs·trices et chercheurs·euses d’autres institutions» explique Juan Carlos Zamora.
Comprendre l’évolution des plus anciennes plantes terrestres
Notre spécialiste des bryophytes – les plus anciennes plantes terrestres encore vivantes – Michelle Price, ainsi que notre Collaboratrice Scientifique Mathilde Ruche, ont coordonné un symposium visant à souligner l’importance de la morphologie, l’anatomie et de la microscopie dans la compréhension de l’histoire évolutive des bryophytes.
« Les techniques de microscopie de pointe et les nouvelles technologies d’imagerie numérique que nous utilisons dans notre recherche nous permettent d’étudier la micro-morphologie, l’anatomie et l’histologie des bryophytes et ainsi de mieux comprendre l’interprétation des taxons de bryophytes et leurs relations évolutives » rappelle Michelle Price.
La Déclaration de Madrid
Le congrès s’est conclu par une déclaration comprenant dix actions stratégiques adressées au monde scientifique, aux institutions botaniques, aux gouvernements, aux entreprises et à la société civile, visant à limiter l’impact des activités humaines sur les plantes et à préserver la biodiversité.
« Les deux premières actions stratégiques portent sur des activités qui sont au cœur de notre travail : l’identification des plantes et de leur diversité qui constituent la base essentielle aux actions de conservation, de restauration et d’utilisation durable des écosystèmes, ainsi que la nécessité d’équiper les générations futures d’une solide connaissance en botanique » souligne notre Directeur Nicola Schoenenberger.
« La description de nouvelles espèces ainsi que le travail mené dans notre herbier permettent en effet de mieux comprendre le monde des plantes et des champignons, élément essentiel pour pouvoir ensuite les protéger. De même, par la formation universitaire que nos scientifiques dispensent à l’Université de Genève en systématique, botanique, floristique, ou génétique, ainsi que via nos activités de sensibilisation destinées au grand public, nous œuvrons pour une prise de conscience accrue et une meilleure protection de la biodiversité ».
World Flora Online : collaboration de la communauté botanique
World Flora Online (WFO) est une initiative internationale qui vise à fournir un inventaire exhaustif et en libre accès de toutes les espèces de plantes connues. Représentant plus de 50 institutions botaniques à travers le monde, cette initiative joue un rôle clé dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale pour la conservation des plantes.
« Cette initiative, dont nous faisons partie, est en exemple emblématique de collaboration mis en place par la communauté botanique » explique Nicola Schoenenberger.
Lors du congrès, différents événements ont permis de recruter des taxonomistes afin de contribuer à l’objectif de répertorier toutes les espèces de plantes connues. Notre institution a contribué à ce succès via la production de flyers - en français, anglais et espagnol - pour promouvoir cette initiative auprès de nos collègues du monde entier.