Une nouvelle stratégie pour nos collections vivantes

Notre nouvelle stratégie de gestion des collections vivantes fixe un cap pour les 10 prochaines années afin de préserver et valoriser un patrimoine végétal unique face aux défis de la double crise climatique et de la biodiversité. 

Paullinia pinnata L.
Marco Schmidt | Paullinia pinnata L.
Couverture de la Politique de gestion des collections vivantes 2024-2034

Nos collections vivantes, réparties sur 28 hectares cultivés en bio et comptant plus de 10 000 taxons (espèces et sous-espèces), représentent la partie la plus visible de notre institution et soutiennent au quotidien la recherche ainsi que la conservation d’espèces rares et menacées.

Face à la double crise climatique et de la biodiversité, notre engagement envers une gestion stratégique de ces collections revêt une importance accrue : que plante-t-on, que cultive-t-on, quels défis devons-nous relever, quelles sont nos priorités et pourquoi?

C’est précisément à ces questions que notre nouvelle politique de gestion des collections vivantes répond, en fixant un cap pour les 10 prochaines années, tout en nous permettant de suivre l’évolution de nos collections dans le temps. 

« Fruit d’une collaboration rapprochée entre nos jardinières, jardiniers et scientifiques, cette nouvelle stratégie constitue un outil incontournable qui nous permet de rationaliser nos efforts et fixer les priorités. Plus qu’un travail d’inventaire, il s’agit d’une analyse quantitative et qualitative de notre patrimoine végétal vivant et documenté dont nous sommes dépositaires et pour lequel nous avons une responsabilité de conservation et de valorisation » explique notre Jardinier en chef Nicolas Freyre.

40 collections 

Quarante collections, représentant 85% des spécimens cultivés dans notre jardin – dont de nombreuses espèces rares, menacées et endémiques –, sont au cœur de cette nouvelle stratégie et font, chacune, l’objet d’une fiche détaillée. 

Depuis notre première politique de gestion des collections vivantes en 2018, le nombre de taxons a bondit de 26%, passant de 8336 à 10486, avec trois collections qui enregistrent une forte augmentation : les Orchidaceae, les Araceae et les Agave

Préserver, adapter et sensibiliser 

Plusieurs points forts ressortent de cette nouvelle stratégie : l’importance du lien avec la recherche, le besoin d’adaptation pour faire face au changement climatique, ainsi que le rôle de nos collections vivantes dans notre travail de sensibilisation à la préservation de la diversité végétale et de conservation d’espèces menacées. 

« 30 % des taxons menacés de nos collections vivantes sont présents dans moins de 10 jardins botaniques dans le monde, ce qui montre leur importance et leur unicité » souligne Nicolas Freyre.

« Nos collections prioritaires sont presque systématiquement celles pour lesquelles il existe un lien fort entre nos jardinières et jardiniers et nos scientifiques, mettant en lumière le rôle essentiel de cette interaction dans la valorisation de notre patrimoine végétal » explique notre Conservateur Louis Nusbaumer

Une vision plus large de nos collections

Cette nouvelle stratégie s’inscrit dans une initiative visant à intégrer nos collections vivantes dans un réseau de jardins botaniques suisses et francophones. 

« L’objectif est de pouvoir rationaliser notre gestion des collections vivantes et faire des choix communs afin d’éviter que deux institutions géographiquement proches se concentrent sur la même famille de plantes.  Ce qui compte est de pouvoir conserver un maximum d’espèces, indépendamment du lieu » explique Nicolas Freyre. 

Un défi global 

Une récente étude dans  Nature Ecology & Evolution  – basée sur l’analyse de plus de 2 millions de données issues de jardins botaniques du monde entier dont le nôtre – alerte sur le manque d’espace et de moyens à disposition pour protéger les plantes menacées. 

La plupart des collections vivantes des jardins botaniques stagnent ou diminuent en raison de capacités de stockage limitées et de contraintes externes comme la législation internationale en matière de biodiversité. En 40 ans, la part d’espèces menacées conservées dans les jardins botaniques n’a progressé que de 1 %.

« Nous atteignons nos limites. Le risque ? Des collections uniformisées, coupées de leur origine sauvage. C’est un défi collectif que nous devons relever ensemble » explique notre Directeur Nicola Schoenenberger.

« Avec cette nouvelle stratégie et notre approche intégrée au niveau suisse et francophone, nous prenons les devants pour que nos collections restent un bastion de biodiversité, aujourd’hui et pour les générations futures ».

Vue extérieure sur notre serre tempérée
Chloé Cohen | Vue extérieure sur notre serre tempérée