Nouvelle liste de plantes prioritaires pour la conservation à Genève

Destinée à orienter la conservation pour les dix prochaines années, une nouvelle liste identifie 130 espèces prioritaires sur le canton de Genève.

Nos scientifiques Andreas Ensslin et Frédéric Sandoz viennent de publier une nouvelle liste de plantes vasculaires prioritaires pour le canton de Genève.

Véritable outil de travail et d’aide à la décision, cette liste permet une hiérarchisation de l’urgence à agir pour l’ensemble des espèces (taxons) indigènes menacées ou potentiellement menacées présentes sur le territoire cantonal.

« Nous avons évalué 558 espèces au total, toutes menacées, avec les statuts suivants :  vulnérables, en danger d’extinction, en danger critique d’extinction ou régionalement disparues », explique Andreas Ensslin, Conservateur en charge de la conservation.

Une approche complémentaire à la Liste Rouge cantonale 

Bien que fondée la Liste Rouge des plantes vasculaires de Genève, cette nouvelle liste prioritaire s’en distingue par l’intégration de critères supplémentaires au statut de menace qui pèse sur une espèce comme la responsabilité du canton par rapport à sa répartition en Suisse, son écologie ou la faisabilité des mesures à mettre en œuvre.

« C’est un instrument clé pour optimiser l’utilisation de ressources limitées en faveur des espèces les plus sensibles » explique Andreas Ensslin.  

130 espèces prioritaires

L’analyse a permis d’identifier 130 espèces, soit environ 11% de la flore du canton, comme hautement prioritaires, avec 21 nouvelles espèces proposés pour intégrer un plan d’action et 11 déjà concernées par de tels plans. Parmi elles des espèces très emblématiques comme l’œillet superbe (Dianthus superbus L., subsp. superbus), mais aussi des espèces plus petites et plus discrètes comme la salicaire à feuilles d’hysope (Lythrum hyssopifolia L.) ou encore plus petite, la salicaire pourpier (Lythrum portula D.A.Webb). 

Ces plans, qui définissent des mesures concrètes à mettre en œuvre et s’étendent sur plusieurs années, sont essentiels pour la conservation des espèces prioritaires mais couteux.

« Ils doivent donc cibler les espèces les plus menacées mais en même temps avec une réelle chance de succès » souligne Andreas Ensslin. 

Une feuille de route pour la prochaine décennie 

Destinée à orienter la conservation pour les dix prochaines années et à sélectionner les espèces à sauvegarder en priorité, cette liste servira de référence aux autorités cantonales via l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN), aux bureaux d’étude, à l’Hepia et bien-sûr notre institution.

Concrètement, elle pourra être utilisée pour sélectionner les espèces ou certaines de leurs populations pour des plans d’action, des mesures de surveillance ciblée (monitoring), des mesures de conservation ex situ (renforcement de populations ou réintroduction) ou in situ (mesures conservatoires spécifiques à une espèce ou une population au sein d’un biotope). 

« La situation des plantes vasculaires à Genève est préoccupant. Près d’un quart d’entre elles (24%) sont menacées, un chiffre comparable à celui de la Suisse mais plus alarmant qu’au niveau européen. Pour inverser cette tendance, nous devons fixer des priorités claires et utiliser au mieux nos ressources, d’où l’importance d’une telle liste » conclut Andreas Ensslin.